Une vague sans précédent !

Plus le temps passe, plus je comprends ce qui est en train de se tramer dans notre société…

D’un côté, il y a des entreprises qui ont du mal à recruter de manière fiable et durable. De l’autre, il y a de jeune candidats qui refusent les compromissions et les concessions au détriment de leurs idéaux. Pendant des décennies, la valeur travail a été présentée comme incontournable et surtout vitale, quelles qu’en soient les conséquences. Seul problème : les entrepreneurs et responsables de ressources humaines n’arrivent plus à convaincre, surtout dans les très grandes structures et les multinationales.

Y-a-t-il une explication à cela ?

Alors que les générations précédentes ont accepté de mettre de côté leurs rêves et leurs valeurs, la génération Z comme on l’appelle a décidé de faire de la résistance en disant NON et en refusant en bloc d’aller à l’encontre de leurs aspirations et de leurs attentes. Donner du sens et un sens à leur vie est devenu crucial. Un comportement et une ambition qui déstabilisent quelque peu les actuels recruteurs. Jamais on avait vu une telle rupture sociétale. Et même si certains l’expliquent et le perçoivent comme un caprice, un manquement aux bases, voire même de la fainéantise ou je ne sais quelle autre excuse, nous sommes bel et bien face à un changement profond de paradigme.

Remettre l’église au centre du village…

Il y a deux ans, j’avais pu échanger avec Laurence VANHEE, la première Chief Happyness Officer de Belgique, rôle qu’elle a tenu au sein du ministère belge de la Sécurité Sociale. Je me souviens très bien de ses mots : « Tu connais la différence entre une ressource et un patrimoine ?« . Intrigué par cette question, je lui avais répondu par la négative. Et elle poursuivit : « Eh bien, une ressource, on l’épuise alors qu’un patrimoine, on le protège. C’est pour ça que je préfère parler de patrimoine humain que de ressource humaine « .

Une remarque a priori anodine, mais fondamentalement géniale !

Depuis cet échange téléphonique, comme l’on dit, beaucoup d’eau est passée sous les ponts. J’ai lancé mes podcasts audio et j’ai donc fait énormément de rencontres. Parmi toutes, une qui a radicalement éclairé ma lanterne concernant cette disruption générationnelle, cette vague comportementale. Arthur GOSSET est jeune diplômé de Centrale de Nantes et de l’Imperial College London. Promis à une brillante carrière d’ingénieur, il a choisi à 24 ans de se lancer dans la réalisation de documentaires. Un changement de cap qui est le thème de sa première production. Le titre : RUPTURES.

Tout un programme !

En mai dernier, j’ai été invité par une école supérieure lyonnaise à la projection privée de ce doc, en présence de son réalisateur. Invitation que j’ai bien entendu accepté, bien décidé à comprendre ce qui se cachait là dessous. Après 1h15 de projection, vient la rencontre avec Arthur et le jeu des questions réponses avec le public présent. J’avoue avoir été sonné sur le coup puisque je venais d’avoir sous mes yeux l’explication parfaite de ce que je ressentais sans vraiment pouvoir l’expliquer. Ce mouvement de fond est un véritable tsunami et touche déjà entre 40 et 50% des jeunes diplômés. Un constat saisissant que beaucoup de dirigeants et de responsables de recrutement n’ont même pas encore identifié. Pour les décideurs d’aujourd’hui, ils sont face à une génération capricieuse qui n’a pas envie de travailler.

Une analyse totalement erronée et dangereuse…

Une fois l’échange terminé avec le public, j’ai alors pris le temps d’aller à la rencontre d’Arthur pour lui poser quelques questions et lui proposer de faire une interview. Une proposition qu’il a accepté et que nous avons réalisé pour le podcast #unjourunecle, la rencontre inspirante quotidienne. (À écouter ou réécouter juste en-dessous)…

Pour plus de podcasts audio : https://soundcloud.com/user-722129131

Depuis cette rencontre, il y a une chose dont je suis certain, c’est que nous sommes en train de vivre un véritable changement de paradigme. Une secousse qui semble anodine, mais qui est un séisme sans précédent. Je sais aujourd’hui qu’une grande partie des difficultés qu’ont les entreprises à recruter vient du fait d’une incompréhension entre deux générations. La première qui reste dans son schéma classique et rôdé, avec l’idée que celle ou celui qui cherche un job doit faire des concessions s’il veut trouver sa place dans la société. Et la deuxième qui ne veut plus brader sa vie et qui préfère changer de voie, quitte à faire une croix sur tous les avantages qui vont avec. Avec une seule idée en tête : créer sa place dans la société et être utile pour la planète !

Une fois ce constat fait, quelles solutions ?

Il semble évident que nous sommes face à une véritable mutation du marché de l’emploi avec une course contre la montre pour les entreprises qui embauchent. En effet, celles qui oseront se remettre en question et revoir leur feuille de route arriveront à prendre le wagon. Pour les autres, sans montrer patte blanche et sans revoir en profondeur les valeurs intrinsèques de leur fonctionnement, elles risquent d’être confrontées à une pénurie grandissante voire fatale de personnel. En cause ? La détermination sans faille de cette génération Z pour être alignée avec leurs aspirations et leurs valeurs. Une véritable remise en question de la place du travail au quotidien. Un bouleversement spirituel qui, je pense, arrive à point nommé.

« Il n’y as pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous ! »
Paul ÉLUARD